Photographie d'une fontaine d'eau devant la Cité du Vatican

Père Prévost : Vie et oeuvres > Rome

Rome

À Rome… sur les pas du père Prévost
S. Suzanne Allard, s.a.s.v.

Chers Amis-es de Béthanie,

Comme vous le savez (cf. revue de sept.-oct. 2016), je travaille actuellement à la rédaction de la « Positio », document qui a pour but de mettre en lumière les vertus héroïques exercées par le père Prévost pendant sa vie et dont la reconnaissance conduira au titre de Vénérable.

J’accomplis ce travail sous la direction d’un théologien polonais, le père Stanislas Joseph Kijas, franciscain conventuel, responsable de la Cause dans sa phase romaine. Ce qui m’amène à effectuer des séjours périodiques à Rome pour le rencontrer. C’est ainsi que je me trouvais à Rome en novembre dernier. Tout en accomplissant mon travail, l’inspiration m’est venue de marcher sur les traces du père Prévost, selon les époques de sa vie où il a vécu à Rome.

Photographie du père Stanislas Joseph Kijas
Père Stanislas Joseph Kijas
responsable de la Cause dans sa phase romaine.

Le père Prévost affectionnait particulièrement Rome puisque ce fut le lieu de ses études en philosophie et en théologie, mais aussi et surtout le lieu de son ordination sacerdotale. D’autre part, il appréciait Rome comme haut-lieu de la chrétienté et de la présence du Saint Père. Nous savons qu’il a entretenu des liens étroits avec cinq d’entre eux, tout au long de sa vie, principalement avec Léon XIII, qui approuva son projet de fondation, et avec celui qui deviendra saint Pie X.

C’est donc avec émotion que j’ai effectué ce pèlerinage lors des rares jours de novembre où le soleil illuminait le paysage romain. Il faut savoir qu’à Rome, novembre est la saison des pluies!

Alors, venez avec moi, il fait beau… marchons sur les traces du père Prévost!

Première étape : l’Université Pontificale Grégorienne du Collège Romain
Lieu de ses études en vue de son ordination sacerdotale

Inauguré en 1584, le Collège Romain a été fondé par Ignace de Loyola pour la formation des jésuites et des jeunes des familles importantes de l’époque, sur le modèle du Collège du Roi de Paris. Par la suite, il fut érigé en Université pontificale par le pape Grégoire XIII. Le 4 décembre 1873, par une décision du Pape Pie IX, l’université des jésuites prendra le nom d’Université Pontificale Grégorienne du Collège Romain.

Au fil des événements politiques et religieux, le Collège Romain changera de bâtiments et de lieux géographiques. Au temps du Père Prévost, c’était dans le bâtiment que l’on nomme aujourd’hui le Collège Bellarmin, via del Seminario.

De 1883 à 1886, le père Prévost recevra chez les jésuites une solide formation qui développera chez lui l’habitude de penser juste, de raisonner droit, de mettre de la clarté et de l’ordre en tout. Il obtiendra brillamment son doctorat en philosophie.

Bien campés sur la Piazza del Collegio Romano, évoquons cet heureux temps d’études auquel le père Prévost « se donna de tout cœur, car pour ce moment, sa sainteté était là »!

Photographie de l'Université Pontificale Grégorienne du Collège Romain
Le Collège Romain

Deuxième étape : la basilique Saint-Jean-de-Latran, mère de toutes les églises
Lieu de son ordination sacerdotale

Construite vers 320 par l’empereur Constantin, la basilique Saint-Jean-de-Latran est la cathédrale du Pape. Elle est la première en date et en dignité de toutes les églises du monde.

Photographie de la basilique Saint-Jean-de-Latran
La basilique Saint-Jean-de-Latran

J’ai choisi de me rendre à cette basilique le 9 novembre, jour de la grande fête de sa dédicace. La dédicace permet de célébrer, en communion avec la communauté des croyants du monde entier, le successeur de saint Pierre, et de rendre grâce au Seigneur pour l’insigne faveur de faire en nous sa demeure!

Il n’est pas étonnant que cette basilique fût choisie pour l’ordination sacerdotale du Père Prévost, le 4 juin 1887. Ce jour restera marqué en son âme à jamais! Que de grâces reçues!

Heureuse d’être là en cette belle fête, j’ai remercié le Seigneur pour toutes les grâces qu’Il a accordées ce jour-là au père Prévost. J’ai prié aussi pour le Pape François, et tous les prêtres du monde.

Alors, à votre tour, entrez… prenez un moment de prière…

Photographie de l'intérieur de la basilique Saint-Jean-de-Latran
Vue intérieure de la basilique Saint-Jean-de-Latran

Troisième étape : l’église Saint-Claude
Lieu de sa première messe

C’est le lendemain de son ordination que le père Prévost célébra sa première messe à l’église Saint-Claude. Je me demandais bien pourquoi le Père avait célébré sa première messe à cette église. J’ai tout compris lorsque je suis arrivée devant l’église et que j’ai lu cette inscription :

Photographie de la plaque extérieure identifiant l'église Saint-Claude
Inscription indicative à l'entrée de l'église Saint-Claude

C’était donc l’église de sa communauté, les Pères du Saint-Sacrement!

Émue, je suis entrée! Dans le plus grand silence, le Saint Sacrement était exposé à l’adoration des fidèles. Je me suis jointe à leur prière avec dans le cœur la mémoire de ce moment important de la vie du père Prévost.

Prenons un moment de silence devant ce grand mystère de l’Eucharistie si cher au cœur du père Prévost…

Puis, je remarquai à droite un autel au-dessus duquel était placée une relique du corps de saint Pierre-Julien Eymard, fondateur de la Congrégation du Très Saint-Sacrement. Il n’en fallait pas plus pour me mettre à genoux et implorer sa bénédiction. Le père Prévost a toujours gardé une grande vénération pour le père Eymard!

Photographie du reliquaire du père Père-Julien Eymard, fondateur de la Congrégation du Très Saint-Sacrement
Reliquaire du père Julien-Eymard

Quatrième étape : le Vatican et la Basilique St-Pierre
Lieux de rencontres déterminantes pour le père Prévost

Tout jeune étudiant à Rome, le père Prévost se rendit souvent prier à la Basilique Saint-Pierre sans se douter qu’un jour, il rencontrerait en personne le Saint Père, et non seulement un, mais quatre des cinq papes qui furent les successeurs de Pierre tout au long de sa vie.

La plus déterminante de ces rencontres fut celle du 17 février 1901 avec le pape Léon XIII qui, par un Rescrit signé du 11 février, approuva son projet de fondation de deux congrégations : la Fraternité Sacerdotale et les Oblates du Saint-Sacrement (plus tard Oblates de Béthanie). Ce grand jour restera pour le Fondateur comme celui « d’une radieuse Pentecôte »!

Après la mort de Léon XIII, ses successeurs continueront d’appuyer le père Prévost et ses œuvres sacerdotales : Pie X paiera lui-même la maison qu’il lui demandera de fonder à Rome et l’encouragera à en fonder une deuxième; Benoît XV lui assurera sa protection dans des moments difficiles; Pie XI lui demandera d’écrire un volume sur la vocation sacerdotale. Enfin, si la Guerre mondiale empêche le père Prévost de rencontrer Pie XII, celui-ci l’encouragera et le bénira au soir de sa vie.

Alors, sur les pas du père Prévost, j’ai tenu à remercier chacun de ces papes qui lui ont accordé leur confiance et leur protection. Leurs tombeaux étant soit dans ou sous la Basilique Saint-Pierre, je suis allée d’un tombeau à l’autre et j’ai pris un moment avec chacun de ces papes pour les remercier et solliciter leur protection pour les religieuses et les religieux qui continuent aujourd’hui la mission du père Prévost.

Les voici en ordre chronologique, que leur dites-vous?

Photographie du pape Léon XIII
Léon XIII
Photographie du pape Pie X
Pie X
Photographie du pape Benoît XV
Benoît XV
Photographie du pape Pie X
Pie XI
Photographie du pape Pie XII
Pie XII

Cinquième étape : le Cénacle Sainte-Thérèse-de-Jésus
Premier Cénacle de Rome (1904)

En 1904, le père Prévost reçoit du Pape Pie X la mission de fonder une maison à Rome et s’engage à la payer. Providentiellement, les Chanoines de Saint-Jean-de-Latran sont désireux de vendre leur couvent et chapelle. Le contrat fut signé le 15 décembre 1904, et le Cénacle inauguré le 5 octobre 1905.

Sans tarder, le Cénacle commença à accueillir non seulement des prêtres de passage mais aussi des prêtres en grande difficulté dans leur vie personnelle.

Malheureusement, il ne reste aucun souvenir physique de cette maison située initialement au 12, via San Martino al Macao (aujourd’hui via San Martino della Battaglia). J’ai eu beau arpenter cette rue plus d’une fois, aucune trace du couvent et de la chapelle. La rue large d’autrefois, bordée d’arbres et de grands jardins, a fait place à la Rome moderne. Une photo ancienne permet d’en avoir une idée.

Photographie du Cénacle Sainte-Thérèse-de-Jésus, premier Cénacle de Rome (1904)
Le Cénacle Sainte-Thérèse-de-Jésus

Même si la maison n’existe plus, l’œuvre de charité sacerdotale accomplie en ce lieu subsiste éternellement. St Paul le dit dans la première lettre aux Corinthiens, chapitre 13, verset 8 : La charité ne passe jamais.



Sixième et dernière étape : le Cénacle de la Sainte-Face, Monte Mario
Deuxième Cénacle de Rome (1907)

Le père Prévost avait le désir d’établir un foyer sacerdotal hors de Rome pour les prêtres âgés, malades ou infirmes. Son désir rencontra celui du pape Pie X. Ce qui était entrevu de part et d’autre, c’était l’achat d’une grande propriété située sur le point le plus élevé du Monte Mario. Dix hectares de terrain, en partie plantés de vignes et d’un millier d’arbres fruitiers, avec vue sur Rome et sur la campagne environnante. Le prix de cette propriété était très élevé. Cependant, grâce au secours incomparable de la Providence, la propriété fut achetée et entièrement payée le 31 janvier 1907. Quand le père Prévost raconta au Saint Père la merveilleuse histoire du secours de la Providence, Pie X était tout étonné et ne cessait de répéter : Vous avez tout payé?

Vous comprenez que j’avais hâte de voir ce que cette belle propriété était devenue. Avec l’adresse de la maison, une recherche sur internet me permit de constater qu’elle était devenue une résidence touristique sous le nom de Villa Tre Colli.

Photographie de la Villa Tre Colli
Villa Tre Colli

Par bel après-midi ensoleillé, je me mis en route. Le Monte Mario fait maintenant partie de la ville de Rome et on peut y accéder par autobus. Plus d’une heure de trajet à partir de ma résidence. À l’arrivée, j’explore les alentours, je m’informe et finalement, je trouve l’entrée de la propriété. Oui, c’est bien cela… une grande allée bordée d’arbres conduit à la résidence, un beau parc l’entoure. J’avance … émerveillée!

Je parcours doucement l’allée et découvre une végétation luxuriante et les vestiges d’une vie qui sans aucun doute permit aux prêtres accueillis en ce lieu de refaire leurs forces tout en profitant d’une si belle nature! J’ose entrer dans le pavillon central et le gardien du domaine m’apprend que la résidence est maintenant un « condominium ». Que de transformations depuis 1907! Une si belle propriété ne pouvait être détruite par la modernité. Elle fut ouverte aux prêtres de 1906 à 1965, près de 60 ans!

Admirez avec moi
ce beau domaine,
lieu de tant de dévouement
envers les prêtres vulnérables!



Vue frontale de la maison des prêtres fondée par le père Eugène Prévost à Rome.
Vue du parc entourant la maison des prêtres fondée par le père Eugène Prévost à Rome.
Vue d'une allée bordée d'arbres conduisant à la maison des prêtres fondée par le père Eugène Prévost à Rome.

Promenons-nous en silence
dans les allées…
Respirons ce parfum de charité imprégné dans cette
nature si belle
et qui lui donne une douceur incomparable…



Vue en perspective de la maison des prêtres fondée par le père Eugène Prévost à Rome.
Vue en perspective de la maison des prêtres fondée par le père Eugène Prévost à Rome.

Remercions le Seigneur d’avoir mis dans le
cœur du père Prévost
un tel feu d’amour pour ses prêtres!
Rendons grâce pour ce charisme qui vit aujourd’hui
dans ses deux familles religieuses et les
personnes associées.


Chers amies et amis de Béthanie, c’est ici que se termina mon pèlerinage. Ce fut une belle et bonne expérience! Je vous remercie de m’y avoir accompagnée par la pensée, le cœur et la prière, en lisant cet article.

Il me reste à solliciter votre prière pour ce grand travail de rédaction de la Positio que j’accomplis actuellement! J’ai besoin de la force et de la lumière de l’Esprit Saint pour mener à bien cet important travail pour la Cause de béatification et de canonisation du père Prévost. Je vous en remercie à l’avance!



Frascati

Dans les revues de mars et juin 2017, vous avez lu le récit de mon pèlerinage sur les pas du père Prévost à Rome. Je vous avais même conviés à le faire avec moi par la pensée et la prière.

Voici que je vous reviens avec la même invitation pour un autre pèlerinage sur les pas du père Prévost, cette fois en dehors de Rome, plus précisément à Frascati, petite ville située au sud de Rome. Ce fut le lieu choisi en 1901 par le père Prévost pour rédiger les Constitutions des deux communautés qu’il venait de fonder. Vous comprenez l’importance de ce lieu!

Vous êtes prêts? Invoquons l’Esprit… et partons! Cette fois, il nous faut prendre le train car Frascati est à environ 30 kilomètres de Rome. Le train est agréable et pendant les 30 minutes de trajet, je vous parle un peu de Frascati et des motivations du père Prévost.

Frascati est une petite ville d’environ 21 000 habitants qui appartient maintenant au grand Rome. On dit que c’est la ville qui a donné le plus de papes à l’Église, après Rome. Au temps du père Prévost, cette ville était un lieu de villégiature des riches familles romaines qui y ont construit de belles villas, dont la majestueuse Villa Aldobrandini (entre 1598 et 1603) et sa dépendance, la Villa Rasponi, située sur une colline voisine.

Gravure ancienne de la ville de Frascati
Frascati aux temps anciens.

Comment le père Prévost a-t-il connu Frascati? Pourquoi a-t-il choisi de s’y rendre pour son travail de rédaction?

Il faut savoir que le père Prévost a séjourné à Frascati à plusieurs reprises alors qu’il faisait partie de la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, car les pères louaient la Villa Rasponi comme maison d’été. La première fois ce fut en 1884, alors qu’il était étudiant à Rome. Il y est retourné les années suivantes, jusqu’en 1887. Il appréciait l’air pur et les magnifiques paysages depuis cette villa située à 320 mètres d’altitude (1 050 pieds).

Il est facile de comprendre qu’après avoir reçu l’approbation du pape Léon XIII pour son projet de fondation, le père Prévost ait désiré se retirer dans la solitude pour la rédaction des Constitutions de son Œuvre Sacerdotale. Il en fit la demande à la Villa Aldobrandini, et on lui accorda la petite maison à côté de la Villa Rasponi. Il y séjourna cinq semaines, du 20 avril au 24 mai 1901, avec sa sœur Léonie (Ninette).

Écoutons-le exprimer son bonheur de revenir en ce lieu :

Il y avait quatorze ans que je n’avais revu ces lieux pleins de charmes et de doux souvenirs. La nature est grandiose! Les bois, les vignes, les champs d’oliviers, les pâturages avec leurs troupeaux de brebis, les concerts de milliers d’oiseaux, les fleurs, le beau soleil, et le ciel bleu avec le vent dans les grands arbres, la solitude, le calme, la paix.1


Puis décrire son installation :

On vient nous ouvrir la maison. Nous y trouvons une table et une moitié de lit. Nous prenons une paillasse à la Villa Rasponi. La femme du garde nous prête des draps, des couvertures et essuie-mains, et dans une demi-heure, nous avions deux chambres meublées. […] Nous nous installons dans notre solitude que nous avons surnommée « l’ermitage de la paix ».2


Finalement, son style de vie :

Nous y vivons comme des solitaires, travaillant, priant, chantant des cantiques tout d’amour, contemplant et méditant. Nous ne voyons personne et personne ne nous voit. Nous gelons parfois, nous mangeons à la façon des paysans et nous buvons la bonne eau de source.3

Nous avons découvert dans une charmille, à sept minutes de notre ermitage, une madone en faïence de Notre-Dame du Bon Conseil. Nous y allons deux fois par jour pour prier et chanter des cantiques.4

Le matin, je vais dire la messe au château (la Villa Aldobrandini). Nous revenons en disant le premier chapelet de notre rosaire. Je travaille activement les Constitutions. C’est long. Jésus m’assiste. Je ne perds pas un instant. La solitude m’est toute une prière. Je sens Jésus près de moi.5


Au début de mai, il décide de se rendre chaque matin à la chapelle des Capucins (à 20 minutes de la maison) pour revoir dans la prière, devant Jésus au Très Saint Sacrement, chaque page de ses Constitutions : « Ce sera comme son sceau apposé à un travail qu’Il a d’ailleurs lui-même dirigé ». Et le 9 mai, il commence ses pieux pèlerinages à la chapelle des Capucins, de 9 h 15 à 12 h 45. Il s’installe dans le sanctuaire, sur le marchepied de l’autel de saint-Joseph : « J’oublie la terre et me plonge en Jésus ».6

Mais nous voici maintenant arrivés à Frascati. Le train s’arrête, que découvrirons-nous du passage du Père Prévost en cette ville, 118 ans plus tard? Pourrons-nous découvrir sa petite maison à côté de la Villa Rasponi, admirer la Villa Aldobrandini et nous rendre sur la plus haute colline au Couvent des Capucins?

Photographie de la gare de trains à Frascati
La gare de la ville de Frascati.

À notre sortie du train, nous empruntons deux escaliers qui nous conduisent sur une terrasse et que voyons-nous de nos yeux émerveillés : la Villa Aldobrandini, restée debout malgré les années. Elle a certes perdu du lustre mais demeure combien imposante du haut de la colline! Face à la Villa s’étend devant nous le superbe panorama de la campagne romaine. Assoyons-nous un moment sur le banc en rendant grâce au Seigneur pour tout ce que le père Prévost a vécu ici à Frascati, tant au moment de sa jeunesse qu’à son âge mûr, à l’aube de son projet de fondation.

Photographie de la Villa Aldobrandini
La Villa Aldobrandini.

Maintenant, comment organiser notre visite? Après réflexion, comme le terrain est montagneux, il vaut mieux aller vers le plus haut point pendant que nous sommes en forme et ensuite nous n’aurons qu’à redescendre. Le plus haut point est la chapelle du Couvent des Capucins (530 mètres ou 1 738 pieds), là où le père Prévost allait présenter à Jésus chaque page de ses Constitutions. Il s’y rendait par un chemin de montagne à vingt minutes de marche de sa petite maison près de la Villa Rasponi.

Pour nous c’est différent, car nous partons du village. Allons-y gaiement d’un escalier à l’autre! Courage, nous voici à la dernière montée… entendez-vous le chant des oiseaux, ce chant qui ravissait tant le cœur du père Prévost. Qu’ils sont nombreux, les oiseaux, à cette hauteur!

Photographie d'un chemin de montagne près de la Villa Rasponi
Sr Suzanne Allard sur le chemin menant à la Villa Rasponi

Nous voici arrivés… avançons… à droite, voici la chapelle. Le cœur ému, entrons en ce lieu de prière si cher au père Prévost. Que de colloques avec Jésus il a vécu ici, en priant ses Constitutions sur les marches de l’autel de St-Joseph! Recueillons-nous un moment!

Vue frontale du Couvent des Capucins
La chapelle du Couvent des Capucins.

Vue intérieure de la chapelle du Couvent des Capucins
Vue de l’autel et du choeur de la chapelle des Capucins

Nous ne pouvons partir sans saluer les maîtres du lieu, les Capucins. Le portier nous répond. Il est tout jeune. Je lui raconte le vécu du père Prévost en ce lieu. Il en est surpris et heureux. Une chance pour nous, il nous offre à entrer au monastère et nous conduit sur la terrasse où nous pouvons admirer une splendide vue sur la région.

Photo du portier du Couvent des Capucins
Le portier souriant du Couvent des Capucins.

D’un pas joyeux, redescendons. Nous ferons un arrêt à la Villa Aldobrandini. Une vieille pancarte nous dit que nous y sommes. Nous arrivons par le côté gauche de la maison. Entrons doucement : la barrière est ouverte. Nous pouvons imaginer le faste de cette demeure, il y a 117 ans. Maintenant, elle appartient au gouvernement italien. Elle aurait bien besoin d’être rafraîchie! Rappelons-nous que le père Prévost venait dire sa messe ici chaque matin pendant son séjour à Frascati. Nous aimerions voir la chapelle, mais hélas il nous faut partir car la barrière fermera dans cinq minutes. Prenons quand même le temps d’évoquer le souvenir du père Prévost. Son eucharistie de chaque jour lui a certainement donné force et lumière pour accomplir son grand travail d’écriture.

Vue latérale de la Villa Aldobrandini à Frascati.
Vue des jardins de la Villa Aldobrandini à Frascati.
Vue de scultures de la Villa Aldobrandini à Frascati.
L'entrée, le jardin et les sculptures de la Villa Aldobrandini à Frascati.

Ouf! Nous sommes sortis juste à temps! Nous en sommes à la dernière étape de notre pèlerinage à Frascati. Il nous faut maintenant trouver la Villa Rasponi et, à côté, la maison où habitait le père Prévost. Nous savons qu’elle est située sur la colline voisine mais nous ne pouvons pas emprunter le chemin de montagne que prenait le père Prévost. Alors, nous suivrons la route et les indications de notre GPS. Prudence, les autos circulent à toute vitesse! Nous arrivons à un croisement, c’est ici qu’il faut quitter la route et prendre un chemin de montagne.

Vue d'un paysage verdoyant à Frascati.

La montée est douce et quels beaux paysages nous pouvons admirer! Nous comprenons le père Prévost de s’être retiré dans un lieu si beau! Voilà une maison à l’horizon…serait-ce la Villa Rasponi? Approchons… une barrière nous empêche d’aller plus loin. Quelle est cette maison? Mais c’est la maison où le père Prévost a logé car nous voyons plus loin la Villa Rasponi! Quel bonheur, nous l’avons trouvée! Mais comment entrer… la barrière est électrifiée? Il faut attirer l’attention des occupants pour qu’ils viennent nous ouvrir. En vain, ils ne répondent pas. Dommage!

Restons sur place quelques instants en nous reposant de notre montée et écoutons le père Prévost évoquer ses souvenirs :

« Le premier soir de notre arrivée, Ninette et moi, nous nous disions sur notre balcon, en contemplant le ciel étoilé : “Évidemment Jésus a un dessein en nous conduisant ici. Quel est-il? ” Maintenant nous le savons, sans cela, je n’aurais pas pu faire les Constitutions. Ces cinq semaines de travail représentent trois mois à Rome. Et les chaleurs! Que Jésus soit béni, et que je suis heureux de me laisser ainsi guider par la main, par la Divine Providence. »7


Prenons un moment pour rendre grâce à notre tour pour toutes les grâces reçues par le père Prévost en ce lieu de prédilection… Redescendons maintenant jusqu’à la ville, tout doucement, admirant, contemplant, priant…

Vue de la maison où a habité le père Eugène Prévost
Vue de la maison où a habité le père Eugène Prévost
La maison du père Prévost.

Chers amies et amis de Béthanie, notre pèlerinage à Frascati est terminé. Il nous a réchauffé le cœur tout comme pour les pèlerins d’Emmaüs… Grandes sont les œuvres du Seigneur et grand est son amour pour nous!

Merci de m’avoir accompagnée! Nous avons parcouru ensemble 15 kilomètres à pied dans les collines. Je vous félicite pour votre endurance! Je vous donne rendez-vous pour un autre pèlerinage dans le prochain bulletin. Dans l’intervalle, restons unis dans la prière en confiant au Seigneur la Cause de béatification et de canonisation du père Prévost. Il l’a tant aimé et servi tout au long de sa vie!

Sr Suzanne Allard contemplant les vallées verdoyantes de Frascati
Bonne route sr Suzanne!




  1. Georges LAPOINTE, Le père Eugène Prévost, Paris, 1950, p. 146.
  2. IBID, p. 147-148.
  3. IBID, p. 147.
  4. Ce cadre en faïence lui a été donné par la suite par le Prince Aldobrandini. Il est maintenant conservé à Montréal, à la résidence de la Fraternité Sacerdotale.
  5. Georges LAPOINTE, Le père Eugène Prévost, Paris, 1950, p. 147.
  6. Historique des Constitutions, Archives des Oblates de Béthanie.
  7. Idem.



La basilique du Sacré-Cœur, à Rome

Amies et amis de Béthanie, tel que je vous l’avais annoncé dans la revue précédente, me voici de retour pour vous inviter à un nouveau pèlerinage sur les pas du père Eugène Prévost.

Où irons-nous? Ce pèlerinage à Rome nous conduira à la basilique du Sacré-Cœur de Jésus à Castro Pretorio, en face de la gare centrale de Rome, Roma Termini. Vous vous demandez sûrement pourquoi un pèlerinage à cette basilique et quel est le lien avec le père Prévost.

Je m’empresse de vous répondre : c’est que cette basilique fut réalisée par saint Jean Bosco (à cette époque Don Bosco), à la demande du pape Léon XIII, et que Don Bosco a joué un rôle déterminant dans la vocation religieuse du père Prévost.

Saint Jean Bosco est un saint très vénéré en Italie. Je présume que vous en avez entendu parler. Il fut un des plus grands éducateurs de la jeunesse. Il a fondé deux congrégations vouées à l’éducation des jeunes : les Salésiens et les Filles de Marie-Auxiliatrice (les Salésiennes).

Mais qu’a donc fait Don Bosco pour le père Prévost? Pour le savoir, il faut remonter dans le temps, alors qu’Eugène avait 19 ans et qu’il avait un très fort désir de la vie religieuse : « Je voulais de tout temps me faire religieux »1. En janvier 1880, il fait la connaissance de la Société du Très Saint Sacrement, par l’entremise de son directeur spirituel. C’est pour lui une révélation car il a dans le cœur un grand amour pour Jésus présent dans l’Eucharistie. « J’ai soif d’une vie d’adoration; là se portent tous mes désirs. Aller passer ma vie au pied du Tabernacle! »2

C’est ainsi que le 2 août 1881, alors qu’il vient tout juste d’avoir 20 ans, Eugène part pour la Belgique rejoindre le noviciat des Religieux du Très Saint Sacrement. Fervent novice, il se prépare à faire profession lorsque survient l’épreuve. Le supérieur ne veut pas l’accepter car son état de santé l’empêche de faire de l’adoration la nuit. Il s’agit d’un point très important de leur règle de vie. Le jeune novice proteste, insiste pour faire profession tant son désir est grand de se consacrer au Seigneur dans cette communauté. Il déclare alors : « Si vous m’envoyez par la porte, j’entrerai par la fenêtre… »3

Photographie du père Eugène Prévost alors qu'il était novice
Le père Eugène Prévost, fervent novice.

Devant cette insistance, le père supérieur décide de l’envoyer à Lille (France) rencontrer Don Bosco qui jouit d’une grande réputation de sainteté et de thaumaturge. Il reçoit des malades et des infirmes.

Eugène part donc avec le père Durand auquel le Supérieur a confié une lettre expliquant le cas du novice. Écoutons-le raconter sa visite : « Je me suis agenouillé aux pieds de Don Bosco. Le père Durand lui expliqua mon cas, lui donna la lettre du père supérieur. Puis Don Bosco me dit : “Vous ferez profession.” »4 On peut imaginer la joie du novice! Écoutons-le :

Je suis retourné le même soir à Bruxelles. J’ai commencé à faire l’adoration nocturne en arrivant. Je l’ai faite pendant trois mois avant ma profession. J’ai fait ma profession et un mois après, je suis retombé. Don Bosco m’avait dit : « Vous ferez profession ». Mais, il ne m’avait pas dit : « Vous serez guéri »!

Huit jours après ma visite à Don Bosco, j’ai senti tout à coup un bien-être général. J’en ai été frappé. Ce n’est qu’après que je me suis rappelé qu’il y avait huit jours, à la même heure, j’étais aux pieds de Don Bosco.5


Vous voyez que, sans Don Bosco, Eugène n’aurait pas fait profession et ne serait pas devenu prêtre religieux de la Congrégation du Très Saint-Sacrement… et plus tard fondateur de deux congrégations. Don Bosco est intervenu juste au bon moment dans sa vie!

Photographie de Don Bosco
Don Bosco.

Le père Prévost a certainement gardé en son cœur une grande reconnaissance envers ce grand saint et nul doute qu’il est allé souvent prier à la basilique du Sacré-Cœur de Jésus, réalisée par ce cher Don Bosco, pour le remercier et rendre grâce au Seigneur Jésus!

Connaissant ce fait, j’ai éprouvé le désir d’aller prier dans cette basilique avec le père Prévost et de visiter la chambre que Don Bosco occupa chez les Salésiens dans leur maison adjacente à l’église, lors de la consécration de la basilique au printemps 1887.

Vous venez avec moi? Partons… Cette fois, ce n’est pas le train que nous prenons mais le métro qui nous conduira tout près de la basilique puisqu’elle est en face de la station Roma Termini où se trouve l’arrêt du métro.

Photographie de la Station Roma Termini où se trouve l'arrêt du métro à Rome
Station Roma Termini.

Nous nous dirigeons vers la sortie, et voilà que…

Suite au prochain numéro!




  1. Georges LAPOINTE, Le père Eugène Prévost, Paris, 1950, p. 35.
  2. IBID, p. 36.
  3. IBID, p. 50.
  4. IBID, p. 51.
  5. IBID, p. 51.



La basilique du Sacré-Cœur, à Rome (suite)

Amies et amis de Béthanie, dans mon article précédent, je vous ai expliqué comment l’intervention de Don Bosco avait permis au père Prévost de faire profession dans la Société du Très Saint-Sacrement, et vous ai fait connaître le rôle majeur de Don Bosco dans la construction de la Basilique du Sacré-Cœur. Nous nous étions mis en route vers cette Basilique, située en face de la station Roma Termini, afin d’y prier avec le père Prévost.

Poursuivons donc notre route… Nous nous dirigeons vers la sortie de la station et voilà que se dresse devant nous cette magnifique basilique couronnée d’une immense statue du Sacré-Cœur. C’est le point le plus haut de Rome, la basilique étant construite sur la plus haute des sept collines de Rome.

Photographie et vue latérale du clocher de la Basilique du Sacré-Coeur à Rome
Clocher de la Basilique du Sacré-Cœur à Rome.

Une activité intense se tient près de la basilique : autobus, taxis, voyageurs avec leurs valises… un véritable flot humain!

Photographie de la Basilique du Sacré-Coeur à Rome
La Basilique du Sacré-Cœur.

Entrons!

La paix et la fraîcheur du lieu nous fait du bien! Quel contraste avec la chaleur et le bruit de la rue, en cette chaude après-midi de juin. Plusieurs personnes prient dans l’église. Voyez les voyageurs avec leurs valises en attente d’un départ. Ils viennent se reposer dans le Cœur de Jésus.

Photographie et vue intérieure de la Basilique du Sacré-Cœur
Intérieur de la basilique.

Je trouve le sacristain et lui explique mon désir de visiter la basilique et la chambre de Don Bosco. Il me demande d’attendre…

Alors, assoyons-nous, prenons le temps de nous laisser envahir par l’Amour du Seigneur. Doucement, déposons en son Cœur nos fardeaux, nos peines, nos joies. Rendons-lui grâce pour la faveur accordée au père Prévost par l’entremise de Don Bosco et remercions aussi Don Bosco.

Photographie d'une image représentant le Christ à côté de Don Bosco'
Remercions aussi Don Bosco!

Voilà le sacristain qui revient. Il nous conduit à la sacristie où nous attend notre guide. C’est le père Cosimo Cossa, Salésien de Don Bosco. Quelle chance, il parle français!

Le père Cosimo me propose de commencer notre visite par la chambre de Don Bosco, située dans le couvent des Pères Salésiens lequel est adjacent à la Basilique. Suivons-le.

Photographie du père Cosimo montrant du doigt une fresque représentant Don Bosco à genoux et en prière
Le père Cosimo.

Le père Cosimo est très volubile, il a tant à dire, tant de faits et d’anecdotes à raconter concernant Don Bosco. Il nous apprend que Don Bosco, séjourna dans cette chambre du 30 avril au 18 mai 1887. Il était venu de Turin à Rome à la demande expresse du pape Léon XIII, même s’il était âgé et souffrait d’une grave infirmité aux jambes, pour la bénédiction de la basilique. Nous nous souvenons que le pape Léon XIII lui en avait confié la réalisation.

Pendant son séjour, il célébra la messe dans cette chambre à un autel construit spécialement pour lui, afin de lui éviter des déplacements. Le 12 mai, il y accomplit deux miracles : une paralytique et un séminariste malentendant furent guéris instantanément.

Photographie de la chambre de Don Bosco
La chambre de Don Bosco.

Photographie du lit de Don Bosco
Le lit de Don Bosco.

Photographie de l'autel dans la chambre où Don Bosco célébrait la messe
À Rome, l’autel dans la chambre où Don Bosco célébrait la messe.

Je raconte au père Cosimo le miracle de Don Bosco en faveur du père Prévost : sa guérison qui lui a permis de faire profession dans la vie religieuse. Le père Cosimo en est tout ému!

Il nous conduit maintenant dans la basilique à l’autel de Marie Auxiliatrice, là où Don Bosco célébra la messe le 16 mai 1887, l’unique qu’il célébra dans cette église. Une messe qui resta mémorable car elle fut interrompue plus de 15 fois par les sanglots de Don Bosco à qui il était donné de revoir toute sa vie et l’œuvre que le Seigneur lui avait donné d’accomplir. Ainsi s’accomplissaient les paroles qu’il avait entendues en rêve à l’âge de 9 ans : « Quand le temps sera venu, tu comprendras tout. » En communion avec saint Jean Bosco, nous voici émus à notre tour…

Photographie de l'autel de Marie-Auxiliatrice dans la Basilique du Sacré-Coeur
L'autel de Marie Auxiliatrice où Don Bosco célébra la messe, le 16 mai 1887.

Le bon père Cosimo nous laisse ici car il est déjà 18 heures et il doit célébrer l’Eucharistie. Comme le temps a passé vite avec lui, n’est-ce pas? Nous sommes avec lui depuis 16 heures. Quel bonheur, nous pouvons participer à l’Eucharistie qui commence. Rendons grâce au Seigneur pour notre visite en ces lieux et pour saint Jean Bosco. Confions- lui la Cause du père Prévost qui nous tient à tant à cœur.

Après l’Eucharistie, voici de nouveau le sacristain qui nous invite à quitter l’église car c’est l’heure de la fermeture. Il est heureux de nous donner des dépliants sur la basilique en français, et des images du Sacré-Cœur et de Marie Auxiliatrice. Je lui raconte l’intervention de Don Bosco pour le père Prévost. Il me répond en disant : « Tous ceux qui ont été touchés par saint Jean Bosco deviennent des saints! »

Voici, sur cette affiche, saint Jean Bosco et les membres de ses deux communautés qui sont devenus saints ou bienheureux! Merci d’avoir fait ce pèlerinage avec moi. Je vous reviendrai pour vous parler de l’avancement de la Cause du père Prévost. Continuons de la porter dans notre prière.

Affiche représentant saint Jean Bosco et les membres de ses deux communautés qui sont devenus saints ou bienheureux
Assise sous une affiche illustrant Don Bosco, Sr Suzanne Allard salue les Amis du père Prévost

Merci d’avoir fait ce pèlerinage avec moi. Je vous reviendrai pour vous parler de l’avancement de la Cause du père Prévost. Continuons de la porter dans notre prière.

À bientôt sr Suzanne!


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