PERSONNES ASSOCIÉES
Fr Michel Lagrois, c.f.s.
Nos esprits sont tourmentés par tout ce qui se passe autour de nous : guerres interminables, fléaux, cataclysmes, etc. Le rythme de la vie n’a plus de sens; tout le monde court, manque de temps et d’énergie. Nous avons du mal à nous ajuster aux transformations de toutes sortes, trop rapides pour la plupart de nous. Dans l’Église, fusions de paroisses, des prêtres moins nombreux, qui ne suffisent plus à la tâche; les bénévoles s’essoufflent, les ressources financières diminuent. Quand retrouverons-nous l’équilibre, la sécurité? Qui pourra nous aider à renouveler nos forces pour nous aider à nous adapter pour continuer à vivre malgré ces changements si rapides?
Pour nous, chrétiens, nous avons la chance de voir une lueur d’espoir au bout du tunnel. Le pape François a décrété pour 2025 une année jubilaire ayant pour thème « Pèlerins d’espérance ». Au moment d’en faire l’annonce, il déclarait :
« Il n’y a pas un seul pays qui n’ait été bouleversé par l’épidémie soudaine qui, en plus d’avoir touché du doigt le drame de la mort dans la solitude, l’incertitude et le caractère provisoire de l’existence, a modifié notre mode de vie. Nous avons tous vus certaines libertés être limitées et la pandémie, outre la souffrance, a parfois suscité dans notre esprit le doute, la peur, le désarroi… Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée, et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante » (lettre du pape François pour le jubilé 2025).
Il peut paraître étrange de trouver l’espérance parmi les petites vertus du quotidien. La deuxième des trois vertus théologales se serait-elle égarée avec ses petites sœurs? Oui, l’espérance est une très grande vertu, car son objet est Dieu lui-même, possédé éternellement dans le ciel. Mais cette vertu surnaturelle se décline tout au long de la vie en quantité d’actes de confiance en Dieu. Charles Péguy qualifiait l’espérance de petite vertu qui tous les matins nous donne le bonjour.
L’espérance n’est pas une prévision, un pronostic, un calcul de probabilités. Espérer selon le sens chrétien du terme, ce n’est pas être sûr du lendemain, c’est avoir confiance aujourd’hui, confiance en Dieu qui dirige les événements de notre vie et qui nous aime. L’espérance concerne l’avenir, mais elle tient tout entière dans le présent. Comme le rappelle l’Évangile, Dieu n’aurait pas appelé les hommes à la vie s’il n’avait pas prévu leur moyen de subsistance : « Ne vous inquiétez donc point et ne dites pas : que mangerons-nous? Que boirons-nous? De quoi serons-nous vêtus? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroit. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même » (Matthieu 6, 31-34).
Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée.
Ne pas s’inquiéter du lendemain. Ne pas s’inquiéter pour demain mais s’occuper d’aujourd’hui, voilà la grande sagesse de la vertu d’espérance. En effet, l’espérance ne se fonde pas sur la sécurisation du lendemain. Par contre elle procure la paix dans l’insécurité d’aujourd’hui. Elle permet de ne pas focaliser sur demain, mais de rester concentrer sur aujourd’hui et de faire sereinement notre devoir d’état. Grâce à elle, l’avenir est confié à Dieu. Notre sécurité réside dans la certitude que Dieu nous aime. C’est en lui que nous espérons. Espérance et confiance en Dieu soulagent l’inquiétude du lendemain, toujours nuisible et démoralisante. En effet, l’appréhension anticipe et grossit les difficultés mais ne les supprime pas. La vertu d’espérance nous délivre de toutes les craintes et nous rend capable de toutes les audaces. Vivons chaque jour dans l’espérance en répétant le vieil adage qui est à la fois une preuve de courage mais aussi une prière : à la grâce de Dieu!
15.10.2024
Notre Saint Père le pape François ouvrira le 8 décembre prochain l’Année Sainte qui aura pour thème : « Pèlerins d’espérance ». Je voudrais donc partager avec vous sur ce mot espérance. En ces temps-ci nous avons bien besoin d’entendre parler de l’espérance chrétienne, une des trois vertus théologales. Commençons par lire les définitions des vertus théologales et de l’espérance trouvées dans le Catéchisme de l’Église catholique, aux numéros 1813 et 1817 respectivement :
Les vertus théologales fondent, animent et caractérisent l’agir moral du chrétien. Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle. Elles sont le gage de la présence et de l’action du Saint-Esprit dans les facultés de l’être humain. Il y a trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité.
L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. « Gardons indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle » (Hébreux 10, 23). « Cet Esprit, Il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus-Christ notre sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle » (Tite 3-6-7).
Et le soir venu, avec mes joies, mes fatigues et mes peines, porte au Seigneur le regret de mes fautes et l’espoir d’un nouveau matin.
Tu es Seigneur, l’espérance qui relève. Adoucis mes peines, apporte réconfort aux blessés de la vie; ceux qui souffrent dans leur âme ou dans leur corps.
Ouvre-nous les larges horizons de l’amour fraternel pour que tous ceux qui croisent nos routes retrouvent espoir, lumière et paix.
Fais que notre foi rayonnante d’espérance et d’amour conduise à la vérité ceux qui doutent et ramène au Seigneur ceux qui se sont éloignés de lui.
Que ma vie unie à celle de Jésus devienne action de grâce à toi, Père très bon, et obtienne le salut à mes frères et sœurs qui comme moi mettent leur espérance en ton infinie miséricorde.
Seigneur je crois, j’aime et j’espère, tu es mon Dieu, tu es mon Père.
Je lisais dernièrement de beaux textes du pape François lors de rencontres avec les aînés. Ses paroles durant ses visites aux personnes âgées sont de véritables trésors de sagesse. Cela m’a inspiré de les partager avec vous aujourd’hui.
Avant tout, je vous raconte un fait arrivé à l’occasion d’une retraite annuelle adressée à une communauté de frères aînés. Le prédicateur, lui-même d’un âge respectable, dit à l’assemblée : « Vous et moi sommes des jeunesses avancées. » Ces mots ont fait sourire les retraitants mais ils furent bien accueillis, comme quoi on peut être jeune de cœur et d’esprit quel que soit notre âge.
La racine de la civilisation est la communauté. C’est là que commence notre histoire. La communauté est unie par un devoir commun, une tâche à partager, un pacte. Et quel est ce pacte? Il peut être résumé en une phrase : prendre soin de la vie. Il n’y a pas de mission plus noble, plus humble, plus nécessaire, plus créative ou plus actuelle que celle-ci, comme l’enseigne prophétiquement le pape François. C’est pourquoi le pape insiste sur l’urgence de relancer, aujourd’hui, une alliance entre les générations qui au lieu de s’ignorer, de se craindre ou de se rejeter, doivent s’engager sur la voie de la reconnaissance mutuelle, de l’écoute et du partage. Ainsi, il affirme : « L’avenir d’un peuple passe nécessairement par un dialogue et une rencontre entre les aînés et les jeunes pour la construction d’une société plus juste. »
Un jour, la supérieure d’un monastère de sœurs âgées, cloitrées (qui ne sortent jamais de leur couvent), eut l’idée d’inviter quelques jeunes filles à venir passer une journée pour vivre avec les moniales et partager leurs différentes tâches et prières. L’expérience se révéla très positive et se renouvela. Ce jour-là, la présence des jeunes parmi elles fut un vrai stimulant pour toutes les religieuses de la communauté. Voilà un geste concret pour réaliser la pensée du pape au paragraphe précédent, car vraiment il y eut au monastère partage et écoute de part et d’autre, et ce fut un grand réconfort pour toutes. N’est-ce pas ce qu’on pourrait appeler une alliance entre générations?
Dans les discours du pape, plusieurs questions sont mises en lumière et proposées comme points de réflexion, que l’Église et la société dans son ensemble sont appelées à mûrir et à intégrer. La manière dont la vieillesse est interprétée dans une époque riche en ressources et en ses ambitions, mais pauvre en humanité, en est une.
À notre époque, avec l’augmentation de l’espérance de vie, les personnes âgées sont devenues, comme jamais auparavant, la base de la pyramide des âges. D’autre part, la société manque d’une réelle intégration des personnes âgées; comme nous le rappelle le pape, elles sont souvent marginalisées, exclues, enfermées dans des institutions aux conditions de vie inhumaines, considérées comme inutiles dans une société qui tend reconnaître les personnes par la production et la consommation comme valeur exclusives.
Voyons maintenant ce que le père Prévost recommande à ses religieux, comment se comporter envers les prêtres âgés. Dans les constitutions de la Fraternité Sacerdotale, nous retrouvons, au numéro 68 : « Auprès des prêtres malades et âgés nos religieux, renonçant à eux-mêmes, se feront tout à tous, se mettront à leur portée, leur tiendront compagnie, les consoleront, les distrairont, s’ingénieront à apporter des adoucissements à leurs maux, et accepteront à l’avance tout ce qu’un pareil apostolat peut avoir de fatigues, d’ennuis, de peines et de sacrifices. » Ce que nos religieux accomplissent auprès des prêtres, chacune et chacune d’entre nous peuvent le faire, auprès des personnes aînées qui nous entourent.
15.05.2024
La télévision nous parle beaucoup de l’amour : l’amour est dans le pré, si on s’aimait… Quand Jésus nous parle de l’amour, ce n’est pas de cet amour-là dont il est question, mais plutôt de l’amour fraternel, à savoir l’amour que l’on doit avoir les uns pour les autres et principalement l’amour envers le prochain. Son grand commandement, le premier que Jésus nous a laissé, le plus important le voici : Aimer Dieu de toute son âme, et le deuxième qui lui est semblable, aimer son prochain comme soi-même.
Saint Paul nous aide à comprendre ce commandement de l’amour dans son épître aux Romains : « N’ayez de dette envers personne, sauf celui de l’amour mutuel. Car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : tu ne commettras pas d’adultère, pas de vol, pas de meurtre, ni de convoitise. Ces commandements et les autres se résument dans cette parole : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Donc le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » (Romains 13, 8-10)
Notre communauté composée d’humains n’est pas sans connaître, par moments, des tensions, des trahisons et autres conflits. Des calomnies, des commérages, des rejets, des jalousies se trouvent encore aujourd’hui. Les paroles de Jésus dans la lecture évangélique nous invitent à surmonter ces situations difficiles dans un esprit de fraternité.
En tant que disciples de Jésus, nous cherchons à tisser des liens de fraternité au-delà des conflits. Reconnaissons-les et implorons son Esprit qui nous aidera à les régler avec tendresse et fermeté. Cet Esprit nous donnera la force d’abandonner ces tensions entre nous, faisant place à la justice et la bonté. Veillons davantage à édifier la communion fraternelle par nos paroles et nos actions.
Dans l’Évangile de saint Matthieu, Jésus nous invite à prier ensemble d’être en prière entre frères et sœurs : « Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
« L’Esprit saint est l’artisan de la communion, il est l’artiste de la réconciliation qui sait ôter les barrières entre juifs et grecs, entre esclaves et hommes libres, pour en faire un seul corps. Il édifie la communauté des croyants en harmonisant l’unité du corps et la multiplicité des membres. Il fait grandir l’Église en l’aidant à aller au-delà des limites humaines, des péchés et de tout scandale » (Pape François, 19 juin 2019).
Le Père Prévost a voulu que ses religieux pratiquent le grand commandement de l’amour que Jésus nous laissé en leur donnant comme devise : que la charité fraternelle demeure parmi vous. Cette devise est écrite sur le crucifix de profession religieuse que chaque frère reçoit le jour de son engagement dans la Congrégation. Ainsi les religieux sont unis et pratiquent la charité entre eux et ensuite envers les prêtres qu’ils accueillent dans leurs maisons.
Prenons la bonne habitude de tendre une main fraternelle et une salutation joyeuse aux personnes vivant près de nous chaque jour.
Prions pour l’entente, la concorde et le rapprochement fraternel au sein de nos communautés paroissiales ou religieuses, ou de tout autre groupe réunis pour accomplir la même mission au sein de l’Église.
15.03.2024
Au sens chrétien, l’espérance est l’attitude qui nous porte à nous appuyer sur le secours divin pour atteindre le bonheur éternel. En d’autres termes, c’est compter sur Dieu, qui nous donne les moyens de le rejoindre (cf. le Catéchisme de l’Église catholique).
Après avoir constaté ces quelques aspects de l’espérance chez le père Prévost, considérons l’espérance dans la célébration eucharistique (la messe). Au cours de nos eucharisties, nous parlons d’espérance au moment où nous prions pour nos frères et sœurs défunts. Dans la prière eucharistique numéro 2, nous lisons : « Souviens-toi aussi de nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l’espérance de ta résurrection, et souviens-toi aussi dans ta miséricorde, de tous les défunts; accueille-les dans la lumière de ton visage. »
Dans la prière eucharistique numéro 3 : « Pour nos frères et sœurs défunts, et pour tous ceux qui ont quitté ce monde et trouvent grâce devant toi nous te prions : en ta bienveillance, accueille-les dans ton Royaume, où nous espérons être comblés de ta gloire, tous ensemble et pour l’éternité, par le Christ, notre Seigneur, par qui tu donnes au monde toute grâce et tout bien. »
Voici quelques pensées d’espérance du pape François :
L’espérance c’est compter sur Dieu.
15.03.2024
Le pape a invité toute l’Église à un synode placé sous le thème « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». La célébration de la première session, en octobre 2023, en a constitué une étape fondamentale. Pour en comprendre les enjeux, voici quelques déclarations du Pape sur la synodalité :
Cette assemblée du synode des évêques, la seizième depuis l’instauration de cette institution en 1965, est bien différente de celles qui l’ont précédé : en plus des évêques délégués, de nombreux religieux, religieuses et laïcs, hommes et femmes, ont pu non seulement participer mais voter; une femme a été nommée vice-présidente de l’assemblée.
Après un mois de travail, les membres du synode ont voté un rapport de synthèse qui doit guider l’Église catholique jusqu’à la prochaine et dernière session du synode, en octobre 2024. Le texte propose de rendre l’Église plus participative et avance des propositions concrètes sur des sujets brûlants d’actualité.
Logo du Synode des Évêques 2021-2024.
La totalité des textes ont été votés à la majorité par les membres présents dont des laïcs, hommes et femmes. Parmi les sujets abordés : la place des femmes et la question ouverte du diaconat féminin; une ouverture pour permettre aux laïcs de prêcher, tâche jusqu’à maintenant réservée aux ministres ordonnés, et de confier un nouveau ministère à des couples mariés, pour soutenir la vie familiale et les personnes qui se préparent au sacrement du mariage; ministère à l’écoute des personnes se sentant exclues de l’Église; des conseils épiscopaux obligatoires et un certain contrôle des évêques; une révision des critères de sélection des candidats à l’épiscopat en équilibrant l’autorité du nonce apostolique et la participation de la conférence épiscopale, incluant une consultation des fidèles; une recommandation faite aux communautés chrétiennes de soutenir les prêtres et les diacres, parfois sujets à la solitude et à l’isolement, par la prière, l’amitié et la collaboration; une volonté de rendre l’eucharistie compréhensible par les cultures locales; et une étude sur la possibilité d’une date de Pâques commune et d’un synode œcuménique sur la mission. Tout un programme!
En vue de la seconde session prévue en octobre 2024, un discernement communautaire devra s’opérer sur les questions doctrinales, pastorale et éthiques controversées, soutenu par la prière de toute l’Église : « Seigneur, toi qui conduis et protège ton Église, nous t’en prions : répands en tes serviteurs un esprit d’intelligence, de vérité et de paix; qu’ils discernent de tout cœur ce qui t’est agréable et l’ayant reconnu, s’y attachent de toute leur force. »
Par-dessus tout, ayez la charité, qui est le lien le plus parfait.
Et que dans vos cœurs règne la paix du Christ.
Colossiens 3, 14-15